Aux sources du chaos mondial actuel (2/2)


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Suite de la 1ère Partie


8 - Le Colonel House : de la FED au sionisme et vice versa

Bien qu'il n'ait rencontré Woodrow Wilson qu'en 1911 alors que celui-ci venait d'être élu Gouverneur démocrate de l'Etat du New-Jersey après avoir exercé pendant dix ans la fonction de Président de l'Université de Princeton, le Colonel avait, dès 1910, amarré sa "Fortune", c'est-à-dire son sort et son avenir, à un candidat "qu'un groupe d'hommes secrets" avait choisi en préparant activement son élection selon les règles mises en pratique au Texas.

Le choix de ce candidat par le parti démocrate était inattendu pour le grand public. Mais les banquiers n'avaient pas oublié que durant la grande panique boursière de 1907 le professeur Wilson avait eu le bon goût et l'esprit d'à propos de déclarer: "Tous ces problèmes pourraient être évités si nous nommions un comité de six ou sept hommes à l'esprit civique tels que J.P. Morgan pour s'occuper des affaires du pays." (Cité par Eustace Mullins, in Les secrets de la Réserve fédérale, La Connexion Londonienne)

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/wilson_jeune.jpgWoodrow Wilson

Autrement dit, l'idéaliste professeur Wilson commençait à avancer ses pions, car voir dans le principal responsable et le grand bénéficiaire de la crise, John Pierpont Morgan, le meilleur thérapeute chargé de remédier à la débâcle bancaire qu'il avait en grande partie provoquée ne pouvait être l'effet d'un aveuglement involontaire. Si bien que, dès avant son élection au poste de Gouverneur, l'honorable professeur avait été récompensé par une nomination à la tête de la fameuse "Commission Aldrich" chargée de préparer le pays, la presse et les hommes politiques au projet des banquiers concocté durant la célèbre réunion secrète camouflée en "chasse au canard" dans l'île Jekyll.

Il semble qu'il s'agisse là d'une constante de la politique américaine: on fait appel à l'empoisonneur pour administrer au moribond le contrepoison censé salvateur en oubliant que l'empoisonneur pense d'abord à se servir lui-même. Ainsi, hier, c'est le richissime Henry Paulson, Secrétaire au Trésor de la précédente Administration, ancien PDG de la plus grosse banque d'affaires de Wall Street - Goldman Sachs - et l'un des principaux inventeurs du casino boursier créateur du modèle injuste et pervers à l'origine de la crise bancaire des années 2008-2009 et qui est en train de conduire le monde à des désastres imprévisibles, qui s'était vu chargé par le Président G. W. Bush de la mission de réformer le système bancaire. Et aujourd'hui, c'est Timothy Geithner, l'un des grands responsables de la mise en place des produits financiers pourris, qualifiés sobrement de "toxiques" du temps qu'il était à la tête de la FED de New-York - la plus importante parmi les dix régions fédérées regroupées sous le nom de Federal Reserve System - que le Président Obama charge de cette mission. Il la remplit, comme prévu, c'est-à-dire en servant ses amis et lui-même, donc en continuant avec une belle constance à pratiquer, en accord avec le Président actuel de la FED, M. Ben Bernanke, une politique monétaire inflationniste et à renflouer, avec l'argent des contribuables, des organismes de prêts hypothécaires aventureux, le tout au détriment des citoyens américains et des Etats étrangers possesseurs de réserves en dollars et détenteurs de bons du trésor, tout en continuant à servir à ses amis de mirobolants "bonus". MM. Geithner et Bernanke savent parfaitement qu'il sera impossible de jamais rembourser cette dette. Aux banquiers les bénéfices, aux citoyens les dettes.

Parmi les "hommes secrets" qui, en 1911 choisirent le candidat à la présidence de la République, il en est un, plus secret encore que les banquiers, dont l'influence fut importante, le rabbin Wise. Ce petit-fils du grand rabbin de Hongrie introduisit le sionisme talmudique dans un milieu que dominaient les juifs allemands alors vigoureusement hostiles au sionisme. Sa rencontre avec Theodor Herzl à Bale en 1898 redoubla son zèle.

En compagnie de Louis Brandeis et de Felix Frankfurter, il fonda la première organisation sioniste des Etats-Unis chargée de représenter les juifs non pas en tant qu'individus, mais comme une communauté homogène. Ainsi, dès 1918, il put convoquer le premier Congrès juif américain. Mais dès le début des années 1900, son influence auprès des hommes politiques américains était telle qu'il pouvait se flatter de les rencontrer secrètement à sa demande aussi souvent qu'il le souhaitait.

La rencontre du Gouverneur du New-Jersey et du Colonel House en 1911 est décrite comme un véritable coup de foudre réciproque qui créa entre les deux hommes une intimité intellectuelle telle, qu'une fois élu, celui-ci devint l'alter ego du Président. Son biographe rapporte qu'il aurait déclaré : "M. House est ma deuxième personnalité. Il est mon moi indépendant. Ses pensées et les miennes ne font qu'un."

Au cours de la campagne électorale, le Colonel House avait incité le candidat à rendre beaucoup plus qu'un hommage appuyé au sionisme. Il s'agissait d' un véritable engagement identifiant les intérêts de l'Amérique à ceux du mouvement né du premier congrès de Bâle de 1897: Je ne suis pas ici pour exprimer notre sympathie envers nos concitoyens juifs, annonça-t-il - mais pour rendre évident notre sentiment d'identité avec eux. Ceci n'est pas leur cause: c'est celle de l'Amérique."

On ne peut décrire plus clairement que dans cette profession de foi la politique étrangère qui prévaut encore de nos jours et qui n'a fait que s'amplifier, comme on l'a vu récemment avec les "déclarations d'amour obligatoires" à un pays étranger que doit proférer publiquement tout candidat à un poste de responsabilité gouvernementale et les enquêtes scrupuleuses menées par les innombrables associations pro-israéliennes et notamment l'Anti-Defamation Ligue (ADL) crée en 1913 par les membres de la loge maçonnique ethnique B'nai B'rith (les Enfants de l'Alliance en hébreu) afin de découvrir les plus infimes hérésies qui disqualifient automatiquement les renégats.

Une fois le Président élu, le rabbin Wise a pu déclarer: "Nous avons reçu une aide chaleureuse et encourageante de la part du Colonel House, ami intime du Président. (…) House a non seulement fait de notre cause l'objet de son attention particulière, mais a servi d'officier de liaison entre l'administration de Wilson et le mouvement sioniste."

On ne peut s'empêcher d'évoquer la scène du candidat Barack Obama, qui, in illo tempore, se déclarait "l'ami" du philosophe et musicien palestinien Edward Saïd et soutenait la résistance palestinienne, mais et qui n'avait pas hésité, durant sa campagne à promettre, lors d'un discours devant les membres exultants de l'AIPAC , une kippa perchée sur le sommet de son crâne, que Jérusalem tout entière devait être la capitale de "l'Etat juif". Depuis lors, il a fait machine arrière, mais la promesse est restée dans les esprits de ceux qui l'ont entendue. Les "anges gardiens" qui veillaient sur lui à Chicago l'ont suivi à la Maison Blanche.

Quant au Colonel House, il avait lui-même révélé dans ses Papiers intimes publiés en 1926 à quel point il avait maîtrisé dans tous ses détails la campagne de "son" candidat: il avait, dit-il, rédigé lui-même tous ses discours et lui avait interdit de suivre d'autres conseils que les siens. Ses confidences nous apprennent que son emprise fut telle que M. Wilson "admit des imprudences" et "promit de ne plus prendre d'initiatives indépendantes".

Cette scène du pénitent devant son juge est rapportée avec un certain cynisme dans le roman autobiographique où Philippe Dru (House) décrit à un comparse comment il avait enserré Rockland (Wilson) dans les bandelettes de la soumission : "Quand il raconta les efforts de Rockland pour se libérer et comment il l'avait contraint à faire amende honorable, se tordant sous son échec, ils éclatèrent d'un rire sarcastique."

Cette remarque est à rapprocher d'une phrase quelque peu fanfaronne du Colonel lui-même qui éclaire sa lucidité et son habilité psychologique . Elle explique l'emprise qu'il exerça sur le Président …jusqu'à ce qu'un autre - le banquier Bernard Baruch - le remplace dans ce rôle : "Avec le Président, comme avec tous les hommes que j'ai cherché à influencer, mon intention a toujours été de lui faire croire que les idées qu'il tirait de moi étaient les siennes." (Howden)

Il existe une similitude confondante entre les moyens et les méthodes utilisées pour réussir à faire élire un petit gouverneur du New-Jersey plutôt effacé et totalement inconnu de l'immense majorité du pays et de la classe politique, mais mégalomaniaque, et ceux qui ont porté au pouvoir le sénateur de l'Illinois, tout aussi inconnu du grand public, le fringant et éloquent métis Barack Obama, destiné à servir de psychopompe flatteuse à une image des Etats-Unis que la folie messianico-guerrière de son prédécesseur avait réduite à l'état d'embryon desséché . En plus du soutien évoqué ci-dessus, celui-ci avait bénéficié d'une manne de plus de 605 millions de $, soit quatre fois plus que son adversaire. Leur point commun réside dans la discrétion de leur carrière avant leur candidature ainsi que dans les sommes vertigineuses qui ont assuré leur élection. C'est à ce critère qu'on mesure dans ce pays les chances de l'élection du candidat. La victoire s'achète très cher.

Certes, les groupes bancaires financent en général TOUS les candidats : en l'espèce, ils avaient abondamment financé non seulement le gouverneur Wilson, qui avait promis de substituer la morale à l'argent comme fondement de la politique étrangère, mais aussi le favori des sondages, le républicain William H. Taft, candidat à sa réélection, lequel avait déclaré que la diplomatie n'est destinée qu'à renforcer l'influence commerciale, ainsi qu'un troisième larron surgi au dernier moment, l'avant-dernier Président, du parti Républicain lui aussi, candidat à un nouveau mandat qui annonçait un mandat de "chasseur de trusts".

Il faut lire la savoureuse description que fait de cet épisode l'ouvrage exceptionnel d'Eustace Mullins, LES SECRETS DE LA RÉSERVE FÉDÉRALE, La Connexion Londonienne. Dans son chapitre III, l'auteur écrit: "Soudain, Théodore Roosevelt se porta candidat. Il annonça qu'il se présentait comme candidat d'un troisième parti. S'il n'avait été exceptionnellement bien financé, sa candidature aurait été grotesque. De plus, il reçut une couverture illimitée des journaux, supérieure à celle de Taft et de Wilson réunis. En tant que républicain et ancien président, il était évident que Roosevelt taillerait en profondeur dans les voix de Taft. Cela s'avéra être le cas et Wilson remporta l'élection."

Mullins précise que "les auditions parlementaires révèleront que dans la firme Kuhn, Loeb Company, Félix Warburg soutenait Taft, que Paul Warburg et Jacob Schiff soutenaient Wilson et qu'Otto Kahn soutenait Roosevelt", mais les montants n'étaient pas à la même hauteur et il oublie de signaler la généreuse contribution apportée à Wilson par le banquier qui affichait ouvertement un sionisme militant, Bernard Baruch. Il jouera d'ailleurs un rôle considérable dans la politique américaine jusqu'au Président Eisenhower compris.

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/churchill_baruch_eisenhower.jpgChurchill - Baruch - Eisenhower

9 - Le second mandat du Président Wilson

Après l'élection, très rapidement, une relation extraordinairement intime s'établit entre House et Wilson. Elle couvrait non seulement les questions politiques, mais s'étendait au domaine le plus intime au point qu'une ligne téléphonique directe fut installée entre la Maison Blanche et le domicile privé du conseiller particulier. Refusant tous les postes officiels que le nouveau Président lui offrait, le Colonel House préféra continuer à jouer le rôle d'éminence grise dans lequel il excellait. A partir de cette date, les pouvoirs dont il disposait "dépassent l'imagination" écrivent ses biographes.

Ambitieux tous les deux, Wilson et House étaient étonnamment complémentaires: le style rhétorique de Wilson faisait de lui un orateur au mieux de sa forme devant un public, alors que House aimait l'ombre et l'action dans les coulisses. "Je déteste les discours. Je préfère jouir du frisson qui me vient à travers les autres" avait-il coutume de dire. Wilson voyait dans ce comportement le signe d'une absence totale d'égoïsme et d'un dévouement majeur à la sa personne: "Ce que j'aime chez House, disait-il, c'est qu'il est l'homme le plus discret que j'aie jamais connu. Tout ce qu'il désire, c'est servir le bien commun et m'aider."

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/house_wilson.jpgLe Colonel House et le Président Wilson

Lors de la réélection de Wilson de 1916 le Colonel House joua un rôle encore plus important qu'en 1912 - bien que l'élection ait été gagnée de justesse. A son habitude, House n'avait aucun rôle officiel dans l'organigramme de la campagne mais fut omniprésent. "C'est lui qui planifiait l'ensemble, dirigeait les finances, choisissait les orateurs, imposait la stratégie et la tactique" écrit Hodgson.

Au cours du second mandat de Woodrow Wilson, le Colonel House devint une sorte de Président bis. D'ailleurs ce dernier disait à qui voulait l'entendre que "ses pensées et les miennes sont unes" (Arthur Howden). Le juge Brandeis, qui consacrait sa vie au sionisme, devint le "conseiller présidentiel sur la question juive" et deux autres figures éminentes du sionisme jouaient également un rôle important dans le Cabinet, le rabbin Wise et le banquier Bernard Baruch.

Vioilà un calque presque parfait de la brochette "d'anges gardiens" qui veillent sur le Président Barack Obama et forment son Cabinet.

C'était le Colonel qui avait choisi le slogan de la campagne électorale: "Il nous a préservés de la guerre". Ce slogan était destiné à flatter le pacifisme du pays. Or, en même temps qu'il avait l'air de partager le pacifisme de Wilson, House militait ardemment en sous-main pour l'entrée en guerre des Etats-Unis. De plus, au début des hostilités, l'opinion publique était majoritairement pro-allemande en raison de l'immense colonie d'origine allemande omniprésente dans les médias et Berlin était encore le centre du sionisme international.

Le Secrétaire d'Etat de l'époque, William Jennigs Bryan, pacifiste et anti-impérialiste convaincu, dénonça dans un rapport: "Les vastes intérêts des banques" qui étaient "profondément intéressés par la guerre mondiale, en raison des amples opportunités qu'elles offraient à réaliser de gros profits".

En effet, cette guerre rapporta directement 200 millions de dollars à J.D. Rockefeller, mais comme les Etats-Unis durent emprunter 30 milliards, augmentés, évidemment, des intérêts payés à la Réserve fédérale qui venait opportunément d'être officiellement constituée, les profits des banquiers internationaux se trouvèrent exponentiellement augmentés.

Le Colonel House devint donc de fait le vrai Ministre des affaires étrangères. A ce titre, il commença à prêcher la nécessité de bâtir une grande armée et une marine puissante. "Pendant que le Président rêvait de sauver le monde, House commençait à envisager la possibilité que les USA deviennent une puissance mondiale", écrit son dernier biographe Hodgson. Il est donc l'homme qui lança les Etats-Unis sur la voie de l'empire militaire conquérant.

10 - La Première guerre mondiale

Un dramatique événement survenu en 1915 accéléra le changement de la psychologie des Etats-Unis à l'égard des belligérants européens, et notamment à l'égard de l'Allemage: il s'agit de l'attaque par un sous-marin allemand du paquebot anglais, le Lusitania, qui transportait à la fois des munitions et 1198 passagers, dont 125 Américains. Mais les archives diplomatiques permettent de reconstituer les motivations de ce drame en forme de complot. Un entretien entre le Colonel House et Sir Edward Grey, le Ministre des Affaires Étrangères anglais envoyé par son gouvernement avec la mission de convaincre les États-Unis d'entrer dans la guerre aux côtés de la France, de l'Angleterre et de la Russie , est révélateur: "Que feraient les Américains si les Allemands faisaient couleur un paquebot avec des passagers américains à son bord?" avait demandé le Ministre anglais. A quoi le Colonel House avait répondu: "Je pense qu'une vague d'indignation emporterait les États-Unis et que cela en soi-même serait suffisant pour nous amener à la guerre."

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/lusitania.jpgLe Lusitania

L'envoi du Lusitania le 7 mai 1915 dans une zone de guerre sillonnée par ces redoutables navires, indétectables à l'époque, ressortissait d'autant plus à une machination criminelle que l'ambassade d'Allemagne avait fait paraître des avertissements très clairs dans le New York Times, prévenant les passagers que s'ils montaient à bord du Lusitania, ils le feraient à leurs risques et périls.

Les Etats-Unis sont coutumiers de ce genre de montages. Ainsi le Président Mac Kinley a pris le prétexte d'une explosion à bord du cuirassé Le Maine pour déclarer la guerre à l'Espagne et "libérer" Cuba - on sait depuis le renflouage du navire, que l'explosion était accidentelle et venait des munitions stockées trop près des chaudières du navire, comme le prouve le type de déchirures de la coque. En août 1964, le président Lyndon B. Johnson a pris le prétexte d'une attaque des destroyers US dans le Golfe du Tonkin afin de déclarer la guerre au Vietnam du Nord - on sait aujourd'hui qu'il s'agissait d'un mensonge délibéré. Il a été révélé par le commandant de marine James Stockdale survolant cette nuit-là le Golfe de Tonkin que les navires US tiraient sur des cibles fantômes et qu'il n'y avait pas eu d'attaque du tout. L'attaque de Pearl Harbour le 7 décembre 1941, en revanche, a bien existé mais le commandement ayant reçu un avertissement de guerre imminente, les navires auraient pu être mis à l'abri si l'avertissement avait été correctement interprété.

Je ne rappelle que pour mémoire les mensonges sur les charniers serbes et les introuvables armes de destruction massive de Saddam Hussein à l'origine des guerres de Yougoslavie et l'Irak.

Les sous-marins étaient la nouvelle arme de destruction massive inventée par les Allemands et qu'ils étaient seuls à posséder à l'époque. Les ravages qu'elle avait opérés dans les approvisionnements des alliés étaient si considérables que les alliés étaient en difficultés sur le champ de bataille européen. Cherchant à profiter de son avantage, l'Allemagne avait proposé une paix fondée sur le retour aux conditions qui prévalaient avant le déclenchement des hostilités. Mais le Ministre anglais des affaires étrangères envoyé aux USA s'est montré d'autant plus pressant à essayer de vaincre le pacifisme du Président américain que le puissant mouvement sioniste anglais, qui ne rêvait que de la Palestine, avait impérativement besoin d'une victoire anglaise sur l'empire ottoman au Moyen Orient où l'Angleterre était également engagée, et donc d'une poursuite de la guerre. La France n'avait pas non plus intérêt à une paix fondée sur le Status quo ante basis, car cela aurait signifié le renoncement définitif à l'Alsace et à la Lorraine conquises par l'Allemagne après la défaite de 1870.

Pendant ce temps, les sionistes menaient une intense campagne de lobbying auprès du gouvernement anglais. J'y reviendrai dans la 2eme partie. Ce n'est donc pas un hasard si c'est au représentant de la puissante Maison bancaire Rothschild de Londres, Lord Lionel Walter Rothschild, par ailleurs sioniste militant, que le Ministre des affaires étrangères anglais qui avait remplacé Sir Edward Grey, Lord Arthur James Balfour, écrivit une lettre personnelle "addressed to his London home at 148 Piccadilly", dans laquelle on peut, certes, voir une évidente "déclaration d'amour" à l'égard du sionisme …et rien de plus.

Cher Lord Rothschild,

Par Lord Balfour
Le 2 novembre 1917

J'ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l'adresse des aspirations sionistes, déclaration soumise au cabinet et approuvée par lui. Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.
Arthur James Balfour


http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/balfour.jpgLord Balfour

Ce document ambigu abusivement appelé "Déclaration Balfour" reflète toute la duplicité de la politique étrangère de la "perfide Albion". Elle contredisait la promesse faite en 1916 au Chérif Hussein de la Mecque par Kitchener, ministre de la guerre, de former un royaume arabe recouvrant toute la péninsule arabique et le Croissant fertile. Pourquoi le Ministre des affaires étrangères de la France n'adressait-il pas une lettre personnelle au Président du CRIF, lui promettant un "foyer national juif" en Bavière, au Danemark ou sur la planète Mars?  En effet, en novembre 1917, la couronne britannique n'exerçait aucun droit légal sur un territoire qui dépendait de l'empire ottoman, dont le démembrement n'est devenu officiel qu'à la suite du Traité de Sèvres du 10 août 1920. Et quid, en l'espèce, du fameux "droit de peuples à disposer d'eux-mêmes" brandi, mais jamais mis en pratique, ni au Moyen-Orient, ni lors du saucissonnage de l'Europe?

Parmi les motivations politiques qui expliquent le reniement de la parole donnée aux Arabes, il faut ajouter les convictions personnelles des membres du gouvernement anglais et leur adhésion psychologique au puissant mouvement religieux inspiré par l'Ancien Testament qu'on appelle le "sionisme chrétien" dans les pays anglo-saxons.

Toujours est-il que le torpillage du Lusitania avait changé la psychologie des Etats-Unis à l'égard de l'Allemagne et le Colonel House travaillait ardemment dans le sens de l'entrée en guerre. Il avait averti le Président que les Américains "ne pourraient pas continuer à demeurer des spectateurs neutres" (Hodgson).

Ce revirement de l'opinion provoqua à titre collatéral la démission du Secrétaire d'Etat le plus pacifiste du gouvernement, William Jennigs Bryan. Il fut remplacé par Robert Lansing dont la discrétion légendaire donna naissance à une plaisanterie qui fit le tour de Washington:

        "Question : Comment épelez-vous Lansing ? Réponse H-O-U-S-E."

Mais le drame du Lusitania n'avait pas suffi à vaincre la conviction pacifiste du Président. Le Colonel House révèle dans son Journal intime à la date du 4 janvier 1917 que le Président avait fermement confirmé sa position: "Il n'y aura pas de guerre, le pays n'a nullement l'intention de se laisser entraîner dans le conflit. Nous sommes le seul pays neutre parmi les grands peuples de race blanche et cesser de l'être serait un crime contre la civilisation". (Intimate Papers, tome II, page 288.)

Ce comportement mettait en évidence l'incohérence psychologique et politique de l'homme Wilson dans la mesure où il ne semblait pas avoir pris conscience du fait que son pacifisme tenace le plaçait en porte-à-faux avec l'action menée par son propre gouvernement depuis le début de son premier mandat. En effet, les forces qui poussaient à la guerre, à savoir son entourage direct ainsi que les mouvements sionistes et les grands groupes financiers, constituaient précisément les forces politiques qui, dès l'origine, avaient favorisé puis payé son élection et avaient jusqu'alors soutenu ou plutot imposé leur politique.

En retour, W. Wilson candidat, puis Président n'avait pas lésiné sur les gages donnés au mouvement sioniste et aux banquiers.

Ce fut donc un jeu d'enfants pour eux d'enfoncer la frêle barrière idéologique qui leur était opposée. Une manipulation élémentaire et plutôt rocambolesque, sorte de variante de la Dépêche d'Ems qui avait déclenché la guerre de 1870 entre la France et la Prusse, mit le feu aux poudres. Il s'agit d'un document connu sous le nom de télégramme Zimmermann du nom du Ministre allemand des affaires étrangères. Arthur Zimmermann aurait envoyé à son homologue mexicain un télégramme lui offrant l'alliance de l'Allemagne en cas de guerre avec les Etats-Unis, afin d'aider le Mexique à reconquérir les territoires annexés par le nouvel Etat au Texas, en Californie, au Nevada, en Arizona, au Wyoming et au Colorado.

La manière dont ce télégramme aurait été intercepté divergent: il en existe six versions et l'original du télégramme n'a jamais été retrouvé. Le pseudo document est daté du 16 janvier 1917, mais il ne fut divulgué par voie de presse que le 26 février 1917 . Il provoqua, comme prévu, la fureur de la presse et l'indignation de la population. Le Colonel House est supposé en être l'auteur.

Le "télégramme Zimmermann" n'est pas le seul élément qui poussa les Etats-Unis dans la guerre: l'Allemagne ayant renforcé la guerre sous-marine était en passe d'asphyxier l'Angleterre. Mais devant l'émoi provoqué par la publication de la menace contenue dans ce document, le Président Wilson s'est vu contraint de déclarer l'intention des Etats-Unis de rejoindre les alliés européens: "Nous ne voulons pas affirmer par une victoire la force matérielle des Etats-Unis, mais simplement défendre les droits de l'humanité dont nous sommes seuls le champion."

Cette déclaration de "guerre morale" menée au nom des "droits de l'humanité" dont les Etats-Unis seraient les "champions" sonne d'une manière étrangement familière à nos oreilles. Toutes les guerres menées par les Etats-Unis l'ont été au nom des "droits de l'humanité" et un champion contemporain de la "guerre morale" répond en écho au Président Wilson: "Les outils de guerre ont un rôle à jouer pour préserver la paix". (Président Barack Obama lors du discours qu'il prononça à Oslo le 10 décembre 2009)

Mais le même belliciste "moral" continue de mener des guerres avouées ou sournoises en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, au Yemen , en Somalie, au Honduras, sans compter les menaces contre l'Iran ou le Venezuela encerclé par pas moins de treize bases américaines situées en Colombie, à Panama, à Aruba et Curaçao, ainsi que par les porte-avions et les vaisseaux de la IVe Flotte. S'y ajoute la récente provocation à l'égard de la Chine que constitue la gigantesque vente d'armes à Taiwan et le déploiement de boucliers anti-missiles dans plusieurs pays du Golfe. L'empire militaire est en marche sous la bannière de la "morale". Décidément, l'oxymoron "guerre morale" sert toujours aussi efficacement à masquer les intérêts réels de la "seule puissance militaire de la planète". (Obama, Ibid.)

Le 6 avril 1917, le Congrès américain ayant voté l'entrée en guerre des Etats-Unis , le Colonel House entreprit de planifier le monde de l'après-guerre selon les vues et les intérêts tant des Etats-Unis que des groupes de pression sionistes qui rêvaient de la Palestine. Il fut l'initiateur de la création du groupe The Inquiry, composé de 126 membres, dont 119 d'origine juive, comme l'écrit Benjamin Freedman dans un discours prononcé à l'hôtel Willard de Washington DC en 1961. "Il est bien placé pour le savoir, écrit-il, puisqu'il était l'un d'eux".

Les membres de cette "citerne pensante" - "Think Tank" - réfléchissaient au bonheur de l'humanité et plus particulièrement à celui de l'Europe dont ils étaient chargés d'aménager l'avenir politique en vue d'une paix éternelle. Tous firent partie de la pléthorique délégation qui accompagna le Président et le Colonel House à Versailles.

Alors que de nombreux historiens européens s'extasient sur la "doctrine Wilson" dont Inquiry représentait la quintessence avec son slogan du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" - slogan qui n'était pas du tout destiné à s'appliquer aux peuples colonisés d'Asie et d'Afrique - Hogdson révèle la totale ignorance des réalités politiques européennes dont faisaient preuve ses membres: "Parmi ces universitaires de la Commission, peu d'entre eux étaient des spécialistes des affaires européennes (…) et celui qui avait été chargé de travailler sur l'Italie a reconnu plus tard qu'il ne savait pas l'italien (…) Lorsqu'il fut question du Moyen Orient, les membres d'Inquiry ne surent quoi dire et lâchèrent prise."

Ils produisirent néanmoins un document en 14 points et ils avaient rien de moins que l'intention de les imposer tels quels.

11 - Le Colonel House à Versailles

La dernière action notable du Colonel fut donc sa participation aux négociations des clauses du traité de Versailles de 1919 . Le Président Wilson fut reçu en messie, mais lorsqu'il prononça son discours d'introduction, "il devint évident qu'il ignorait tout de la complexité de la situation" et son "amateurisme", écrit Hogdson, apparut en pleine lumière si bien qu'il semble en avoir pris conscience et rentra aux Etats-Unis à la mi-février 1919, laissant le House à la tête d'une délégation réduite avec la mission "d'agir à sa place avec sa pleine confiance" et la certitude, semble-t-il, que l'ensemble des délégations adoptera les 14 points préparés par le groupe Inquiry et notamment la création d'un projet qui lui tenait particulièrement à cœur, celui de la Société des nations, prônant la fin de toute diplomatie secrète.

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/House-colone_paris.jpgLe Colonel House à Paris

La SDN verra effectivement le jour en 1920, mais ironie de l'histoire, les Etats-Unis n'en firent jamais partie, le Sénat américain s'y est opposé, considérant qu'il s'agissait d'un projet utopique. "La Société de nations est très efficace quand les moineaux crient, mais plus du tout quand les aigles attaquent", avait commenté Benito Mussolini. Il fallait, comme le Président Wilson, flotter dans la moyenne région de l'air pour imaginer que les Etats-Unis - ainsi que tous les autres Etats - renonceraient un jour à la diplomatie secrète.

Les Américains complétèrent ce projet à la suite de la deuxième guerre mondiale mais cette fois de telle sorte que le successeur de cette institution utopique - l'ONU - devint l' instrument de leur puissance, comme on le voit depuis 1945.

Les intérêts des alliés, notamment ceux de la France, la plus durement éprouvée par la guerre qui s'était déroulée sur son sol, n'avaient aucune raison de coïncider avec les plans concoctés par le groupe Inquiry, si bien House fut contraint à des compromis. Les négociations du Traité de Versailles furent si laborieuses, si complexes et si tortueuses qu'il est impossible de les résumer en quelques lignes sans sortir du sujet.

En conclusion des négociations, Hogdson rapporte ces paroles prophétiques prononcées par un des "experts" officiels de la délégation américaine : "Les clauses [du traité] ont produit une paix qui rend une autre guerre inévitable".

12 - La disgrâce

A la mi mars 1919 , le Président Wilson, de retour à la table des négociations du traité de Versailles, était cette fois accompagné de sa femme Edith Bolling Wilson. Durant l'absence de House à la Maison Blanche, l'entourage de Wilson, c'est-à-dire sa femme Edith, son médecin personnel l'Amiral Cary T. Grayson, son secrétaire particulier, Ray Stannard Baker, ainsi que le banquier sioniste Bernard Baruch - le faiseur de rois, comme il fut appelé plus tard en raison de son exceptionnelle longévité auprès des Présidents successifs, et jusqu'à Eisenhower - réussirent à convaincre Wilson que les concessions que le Colonel House avait été contraint d'accepter ressortissaient à la plus noire trahison.

Wilson rêvait de l'organisation future d'un monde idéal et de paix éternelle pendant que House, dans une négociation entre égaux, avait en face de lui des nations blessées et ruinées qui exigeaient des compensations matérielles au détriment des vaincus. Les grands principes pour un monde utopique, sans diplomatie secrète et sans guerre, étaient loin de leurs préoccupations immédiates.

L'idéalisme de ce Président qui a exercé une immense fascination non seulement dans son pays mais également dans toute l'Europe, lui valut le prix Nobel de la paix alors qu'il n'avait pas hésité à ordonner des interventions armées en Amérique centrale et dans les Caraïbes - à Cuba, à Saint Domingue et à Haïti notamment. Il rappelle le même enthousiasme délirant qui accueillit l'élection du jeune Président métis Barack Obama, dont le destin semble de plus en plus wilsonien.

De plus, les nations européennes n'étaient pas encore disposées, à l'époque, à considérer que les Etats-Unis - qui, bien que s'étant officiellement déclarés belligérants en avril 1917, n'avaient réellement combattu sur le terrain que durant les quatre derniers mois qui précédèrent l'armistice du 11 novembre 1918 - imposent aux alliés un quelconque "leadership moral et politique", pour utiliser le terme qu'affectionne M. Barack Obama.

Dès son arrivée à Versailles à la mi-mars 1919, le Président Wilson manifesta son mécontentement, puis son irritation à l'égard de son mandataire. Il lui retira immédiatement la responsabilité de la délégation américaine, si bien que la relation de confiance entre Wilson et House se désagrégea très rapidement et finit par disparaître totalement. Leur amitié ne se remit jamais de ces dissensions. Elle s'acheva dans une incompréhension et une amertume réciproques.

Après la signature du traité par les Allemands en juin 1919, le Colonel House vit une dernière fois le Président Wilson, au moment de son embarquement pour les Etats-Unis . Ce fut leur ultime rencontre et leur ultime conversation.

13 - Le Colonel House et Edith Wilson : une inimitié réciproque

L' hostilité d'Edith Bolling au Colonel House remonte aux premiers temps de la rencontre en mars 1915 de la jeune veuve de 43 ans avec un Président Wilson de 58 ans qui venait, six mois auparavant, de perdre son épouse. Or, à un an de la réélection du Président, le Colonel House, responsable de la campagne électorale qui battait son plein, était persuadé que l'idylle du Président et un deuil aussi court seraient du plus mauvais effet auprès du corps électoral. En bon responsable du succès de l'élection, il fit tout son possible pour empêcher le mariage. Des calomnies coururent même dans la presse sur une élimination volontaire de la défunte.

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/couple.jpgWoodrow Wilson et sa femme Edith

Mais les tourtereaux, très épris, ne tinrent aucun compte ni des articles diffamatoires, ni des craintes des proches ou des responsables politiques sur un impact négatif de leur union. Le mariage eut lieu le 18 décembre 1915 "dans l'intimité" au domicile de la mariée - "intimité" relative… en présence de quarante invités . "She seemed to come into my life . . . like a special gift from Heaven" , écrivit le Président .( "Il me semblait qu'elle entrait dans ma vie ... comme un cadeau du paradis.")

Signe de réconciliation ou geste diplomatique destiné à signer un armistice avec une rivale qu'il n'avait pas réussi à éliminer, toujours est-il que le Colonel chargea le peintre Adolfo Müller-Ury de faire le portrait de la nouvelle première dame de la Maison Blanche et l'offrit aux époux. Le Président conserva dans sa chambre à coucher jusqu'à la fin de sa vie le portrait de cette dame grassouillette et guindée, beaucoup moins jolie que sur les photos, décrite comme "charmante, intelligente et d'un gracieux enbompoint".

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/Edith_Wilson.jpgEdith Wilson, portrait d'Adolfo Müller-Ury

Intelligente, Edith Wilson l'était assurément. C'était une femme de tête qui prétendait, à l'instar de nombreuses familles de Virginie, descendre de l'indienne convertie au christianisme Pocahontas. La gestion d'une importante bijouterie du temps de son premier mariage en faisait une organisatrice qui voyait d'un mauvais œil l'intimité politique de son Président de mari avec le Colonel House et l'ascendant que celui-ci exerçait sur lui. Elle en était d'autant plus indisposée que le mari amoureux lui confiait également tous les secrets politiques et qu'elle se sentait de taille à remplacer un conseiller envahissant.

Lorsque la santé fragile du Président qui souffrait entre autres, et depuis des années, de violents maux de tête, d'hypertension, de faiblesse cardiaque soigneusement cachés au public, se détériora au point qu'il fut, le 25 septembre 1919, victime d'une grave congestion cérébrale qui le laissa paralysé du côté droit, ce fut elle qui dirigea en réalité le gouvernement et fut appelée "le président secret".

En tant que Président bis jusqu'à la fin du mandat de son mari, Mme Wilson s'assura qu'il n'y ait aucun contact entre un Président, lucide, mais partiellement paralysé et cloué à la Maison Blanche et son ancien conseiller.

"Il est dangereux de décevoir un homme vaniteux et vindicatif, mais il n'est pas moins dangereux de vexer son intrigante et rancunière épouse". (Hodgson)

Mais si Edith Wilson se comporta à l'égard du Colonel comme une femme jalouse et assez mesquine, elle fut en même temps d'un immense dévouement à son mari. Si elle assuma un rôle politique majeur, c'était essentiellement afin de protéger l'homme qu'elle aimait. Son comportement n'était d'ailleurs pas anticonstitutionnel à l'époque. Rien n'était prévu pour ce genre de situation. Le vide constitutionnel ne fut comblé qu'en 1967 par un amendement qui prévoit l'incapacité du Président.

Le Président Wilson mourut le 3 février 1924 à 68 ans et Edith lui survécut jusqu'au 28 décembre 1961. Elle avait 89 ans.

14 - Les dernières années du Colonel House

M. House vécut encore une vingtaine d'années après la guerre. Il continua à fréquenter les milieux politiques américains, notamment les membres du parti démocrate, mais il n'exerça plus jamais le type de pouvoir qui fut le sien entre 1912 et 1919 dans le tamden qu'il formait avec Woodrow Wilson. Il se consacra à rédiger ses mémoires et à justifier sa gouvernance. Pendant ce temps, la veuve du Président et plusieurs autres membres de son entourage s'acharnaient à diaboliser son rôle d'éminence grise et lui reprochaient les échecs du Président après la guerre. En revanche, House fut toujours loyal envers son ancien ami et ne critiqua jamais Wilson ni en public, ni en petit comité.

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/House_vieux.jpgLe Colonel House à la fin de sa vie

Quand l'ex-Président mourut en 1924, le Colonel demanda s'il pouvait être présent aux obsèques, mais le banquier Bernard Baruch, devenu le mentor d'Edith Wilson, refusa et lui répondit que "sa présence n'était pas souhaitée".

House ne quitta pas complètement l'action politique. Il contribua encore à l'élection de Franklin D. Roosevelt en 1932. Puis, gravement malade et n'ayant plus le goût le vivre, il se retira définitivement de la vie politique disant à ses visiteurs qu'il était heureux de la vie qui avait été la sienne car il avait joué un rôle important au cours d'évènements mondiaux importants.

Il mourut le 26 mars 1938 à l'âge de 80 ans. Toutes ces informations figurent dans la biographie de Godfrey Hodgson.

Le grand pianiste polonais Ignacy Paderewski demeura fidèle à son ami. Devenu président de la Pologne qui venait de renaître, il confia au sculpteur polonais François Black (1881-1959) la réalisation d'un monument en granit qui fut érigé dans le parc Paderewski à Warsovie.

15- Comprendre les raisons de l'influence du Colonel House sur le Président Wilson : la parole est à Freud

Il est difficile de comprendre l'influence que le Colonel House a exercée sur le Président Wilson sans s'attarder quelque peu sur la psychologie complexe de l'homme Wilson.

Lorsque le "groupe d'hommes secrets" décida que Woodrow Wilson serait le candidat du parti démocrate aux élections à venir et "qu'il ferait deux mandats" selon les affirmations du rabbin Wise, ni lui, ni le Colonel House ne l'avaient encore rencontré. A une question du rabbin Wise lui demandant à quelle date il avait pour la première fois rêvé à la Présidence, la réponse de W. Wilson stupéfia le rabbin, compte tenu de l'intime connaissance qu'il avait des circonstances de sa nomination : "Il n'y eut jamais un moment après mon diplôme à l'université Davidson en Caroline du Sud, où je ne m'attendais pas à devenir président." La stupeur ironique du rabbin ne le décourage pas. Il insiste: "Il n'y eut jamais un moment où je ne m'attendais pas et ne me préparais pas à devenir président." Comme G.W. Bush, le grand dévot que fut le Président Wilson s'est senti durant toute sa vie en communication directe avec Dieu... Et l'alter ego de G. W. Bush et complice de la destruction de l'Irak, Anthony Blair, souffre de la même pathologie.

Un tel comportement rappelle également celui d'un de nos hommes d'Etat actuels, même si les symptômes de cette pathologie se traduisent par des réactions différentes.

La fragilité psychologique du personnage explique pourquoi le psychanalyste Sigmund Freud s'est si profondément intéressé à cet homme politique, même si, écrit-il, "plus il le connaissait, plus il le détestait". "Je dois commencer ma contribution à cette étude psychologique de Woodrow Wilson par l'aveu que la personne du président américain, telle qu'elle s'est élevée à l'horizon de l'Europe, m'a été, dès le début, antipathique, et que cette aversion a augmenté avec les années à mesure que j'en savais davantage sur lui". (Le Président Wilson. Freud et Bullitt )

L'ouvrage signé Freud et Bullitt fut écrit entre 1930 et 1932 par un Freud déjà malade et dépressif, en collaboration avec un jeune diplomate américain, William Bullitt, qui avait assisté comme très jeune secrétaire de la délégation américaine, aux négociations du Traité de Versailles. Mais Le Président Wilson ne parut qu'en 1966. En effet, avec un tact bien compréhensible, les deux auteurs avaient convenu d'attendre la mort d'Edith Wilson, survenue en 1961, pour le faire connaître. Freud était mort depuis 30 ans, mais William Bullitt eut le plaisir de voir la parution du livre, puisqu'il vécut jusqu'en 1967.

La première partie de l'ouvrage traite des thèmes classiques du freudisme : l'identification au père puis au chef … mais aussi à Dieu. La thèse centrale du livre est de savoir quel rapport le président Wilson a entretenu avec la folie et dans quelle mesure sa folie a influencé ou déterminé son action politique.

On comprend qu'un tel "sujet" ait été un terrain de jeu idéal pour les hommes de l'ombre et les éminences grises de tout poil - le Colonel House, Bernard Baruch, le rabbin Wise et finalement sa femme Edith. Freud termine son introduction par ces mots :

"Les fous, les visionnaires, les hallucinés, les névrosés et les aliénés ont, de tout temps, joué un grand rôle dans l'histoire de l'humanité (...), ce sont précisément les traits pathologiques de leur caractère, l'asymétrie de leur développement, le renforcement anormal de certains désirs, l'abandon sans réserves ni discernement à un but unique qui leur donne la force d'entraîner les autres à leur suite et de vaincre la résistance du monde", et il ajoute "les grandes oeuvres coïncident si souvent avec des anomalies psychiques que l'on est tenté de croire qu'elles en sont inséparables".

16 - Conclusion

A partir du moment où "l'argent, machine à transformer le sacré en profane, (…) constitue un excellent moyen de servir Dieu" (p. 146) explique Jacques Attali dans l'ouvrage cité ci-dessus ; à partir du moment où le Colonel House fut l'homme de paille des groupes bancaires qui inventèrent en 1913 une sorte de machine à fabriquer de l'argent à partir de rien - la FED - et que parallèlement le même homme encouragea la montée en puissance d'un sionisme qui sut utiliser ce "moyen de servir Dieu" pour le mettre au service d'une entreprise coloniale dissimulée sous le mythe d'un "peuple élu" retrouvant une "terre promise", cet homme fut aussi, indirectement, le bourreau des Palestiniens.

La montée en puissance de l'empire militaro-financier des Etats-Unis et le camp de concentration de Gaza sont les ultimes conséquences de la prise de pouvoir des grands financiers sur les Etats-Unis et le Colonel House en fut, dans l'ombre, le Deus ex-machina.

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/hanzala.jpg
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